Magie des Formes
Nous voulions partager avec vous quelques images de notre première exposition d’Arts premiers qui s’est tenue en septembre 2018 au 11 rue Guénégaud à Paris. Nous y avions présenté trois objets d’art classique africain, cinq statues précolombiennes, un masque mexicain du XIXe siècle ainsi que deux œuvres d’art moderne africain. Pour l’occasion, la galerie Saguaro avait édité un catalogue qui présentait notre collection ainsi que les objets de David Norden, célèbre marchand d’art africain à Anvers, Belgique.
Voici la présentation de l’exposition et l’entretien réalisé à cette occasion :
Nous sommes très heureux de vous présenter cette sélection d’objets africains et précolombiens. Vous pourrez la découvrir du 10 au 16 septembre 2018, 11 rue Guénégaud à Paris. Nous serons ravis de répondre à toutes vos questions concernant les objets durant cette semaine. L’exposition Magie des formes est née de la rencontre entre deux générations de passionnés d’Arts premiers : David Norden, marchand à Anvers depuis 25 ans et Raphaël Colombani, expert diplômé de l’École du Louvre en 2015. L’exposition présente une sélection d’objets prestigieux issus de leurs collections personnelles. Embarquez pour un voyage au gré des formes à la découverte des rites et de l’histoire des continents africain et américain. Ces objets témoignent de la réalité des civilisations qui les ont façonnés et nous dévoilent la richesse de leur imaginaire.
Depuis quand êtes-vous en relation avec le monde des arts premiers ?
Ma passion pour les arts premiers remonte à l’enfance. J’ai eu la chance de voyager très jeune en Afrique et aux États-Unis, et mon goût pour ces arts vient d’une fascination pour les cultures qui ont fait naître ces objets. Je dirais que la découverte des peintures murales Ndebele sur les hauts plateaux du Transvaal fut un de mes premiers chocs esthétiques. C’était vers l’âge de six ans et je me souviens encore de mon émerveillement devant la beauté de ce peuple et de leurs productions artistiques.
Quel a été votre premier objet coup de cœur ?
Dans mon cas, ce coup de cœur n’était pas pour un objet en particulier mais plutôt pour un groupe d’œuvres dans le cadre d’une expérience muséale. C’était au Pavillon des Sessions au début de mon cursus à l’École du Louvre. Après avoir vu et étudié de nombreux objets des civilisations anciennes, la rencontre avec ces chefs-d’œuvre des arts premiers fut une vraie révélation, un moment magique. Je me souviens être sorti de la salle avec plus d’énergie et l’envie d’en savoir plus sur ces objets et leurs cultures.
Et votre premier achat ?
J’ai acheté mon premier objet en salle de vente, c’est un vase-étrier de culture Vicus que je conserve précieusement.
Y a-t-il un objet que vous souhaiteriez découvrir ou vendre en particulier ?
Je rêve d’acquérir une très belle statuette de l’île de Jaina au Mexique. Mais les pièces authentiques sont très rares, en tout cas si j’en trouve une je ne suis pas sûr que je pourrais la revendre.
Qu’est-ce qui fait la valeur des œuvres que vous vendez ?
J’essaye, dans la mesure du possible, de vendre uniquement des objets qui me font rêver et que je pourrais garder dans ma collection personnelle. Comme tout les collectionneurs, j’aime les objets avec une histoire, le contexte de création et le cheminement de l’œuvre contribuent largement au choix du prix. L’aspect esthétique est important mais les goûts changent tellement d’une personne à l’autre, je pense que finalement c’est plutôt la magie que dégage l’objet qui fait sa valeur.
Quelles sont les personnalités dans ce domaine qui vous ont inspiré ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer différentes générations de marchands et collectionneurs français et belges, j’aime écouter les anecdotes et les histoires de chacun, j’ai l’impression d’apprendre beaucoup au contact de ces passionnés. David Norden m’a beaucoup appris, je suis aussi proche de Dimitri André qui connaît très bien les acteurs de ce domaine, ou encore le fameux expert Serge Reynes. Mais je suis surtout très heureux de voir des personnalités de ma génération se lancer avec passion dans cet univers.
Comment entrevoyez-vous le futur du marché des arts premiers et de l’art africain ?
J’ai l’impression que le marché est dans une période de transition, il y a un véritable changement de génération qui est en train de s’opérer et les marchands cherchent à trouver de nouveaux collectionneurs. Le marché asiatique est en plein développement mais il est encore un peu tôt pour savoir si ces acheteurs seront prêts à investir dans des objets de cultures africaines ou américaines. La reconnaissance depuis une dizaine d’années de l’art moderne et contemporain africain est très encourageante, elle pourrait permettre à de nouveaux collectionneurs de s’intéresser aux arts classiques d’Afrique. Le rôle des musées et des institutions culturelles est primordial dans la reconnaissance de ces cultures, à ce titre le musée du quai Branly fait un travail remarquable en proposant de très belles expositions qui attirent de nouveaux publics. Je me réjouis également de la création de musées sur le continent africain notamment avec l’ouverture du Musée des Civilisations Noires à Dakar.
L’exposition fut un véritable succès et certains des objets ont rejoins des collections prestigieuses, notamment une Scène de chasse (Ca. 1960, Huile sur papier, 35 x 45 cm) du grand peintre de l’École moderne congolaise Mwenze Kibwanga acquise par Pierre Loos.
Ou encore cette rare tête de gardien Janus Dan appartenant à la famille des Kedie (The Discerning Eye: African Art from the Collection of Carl and Wilma Zabel, Charles Bordogna, Tenafly, 2005, p. 27.) présentée à la vente Sotheby’s du 16 mai 2008 à New York qui rejoins la prestigieuse collection d’un grand éditeur parisien.